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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/105

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des allées, des vases de faïence peints d’emblèmes et de devises pharmaceutiques, avec des serpents aux anses, contenaient des variétés précieuses. Par-dessus le mur on apercevait les cimes des peupliers ; dans les potagers d’à côté que séparaient de hauts treillages verts on entendait le peigne d’un râteau, le heurt d’une bêche contre un arrosoir, le petit bruit d’un sécateur coupant des pousses ; ici tout était silence ; une fleur se courbait flexible au poids d’un insecte ; des hirondelles volaient ; des libellules rasaient l’eau verdâtre, des plantes grasses et serpentines se nouaient et se renouaient en caducées.

M. d’Amercœur se dirigeait vers la porte du singulier petit enclos quand, du bout de l’avenue, il vit venir à lui une femme vêtue de noir ; elle allait lentement, comme à tâtons. Il perçut intérieurement, par une sorte de révélation subite, que cette haute forme sombre ne pouvait être que Madame d’Heurteleure. Il ralentit le pas de façon à la croiser au moment où il s’arrêterait à la porte basse. Arrivé là, il mit la clef à la serrure. Le bruit fit tressaillir la promeneuse solitaire. Elle hésitait. Il se courba comme