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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/11

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portée qu’on leur veut attribuer. Ce ne sont, tout du long, que coïncidences singulières. Le probable s’y échafaude au point d’y devenir l’architecture du vrai.

Je ne voudrais pas nuire à une si surprenante modification d’une mémoire qui m’est chère à plus d’un titre. Dès l’enfance j’admirai M. d’Amercœur. Des liens existaient entre sa famille et la mienne et l’état qu’on y faisait de lui me donne le plaisir de voir s’imposer à tous une opinion qui se trouvait en partie celle de mes proches. Ils parlaient souvent de cet homme remarquable, et le récit de ses aventures de toutes sortes, dont on ne se taisait pas devant moi, me ravissait. L’intérêt que j’y pris ne s’effaça jamais de mon souvenir et c’est même à cette ténacité d’une fascination enfantine que je dus plus tard l’honneur de fréquenter le héros de tant de belles histoires.

M. d’Amercœur a vécu dans la plus grande retraite les vingt dernières années de sa vie, assez pour que les gazettes qui relatèrent sa mort le fissent sans commentaires.

Il quitta le pays après l’éclatante disgrâce où il tomba. Il voyagea, l’oubli vint. Il ne laissait