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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/142

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Hermas et Hermotime les regardaient parfois, en silence, s’engourdir tout à fait vers le soir et s’incorporer à l’eau où ils n’étaient plus qu’une stupeur opaque et vague. Le jardin devenait plus beau encore à ces heures dégénérescentes, en sa solitude composée. Quelque jeune femme, parfois, passait au bord de l’allée d’eau. Hermas, sans connaître toutes celles qui habitaient la ville, en estimait certaines de venir ainsi errer un instant dans le calme du noble lieu. Celles-là au moins n’étaient point peut-être sans mélancolie et elles y prenaient cette sorte de grâce tendre où se parachève la beauté. Quelques-unes venaient là sans doute un peu pour être vues de lui. Sa richesse et son goût pour la solitude le singularisaient. Personne n’entrait dans sa maison somptueuse. Il n’en quittait guère la clôture que pour se promener dans ce jardin ou dans les siens, vastes aussi et alambiqués. Il avait voulu savoir les noms de ces passantes et, quand Hermotime lui demanda celui de l’une d’elles, il put lui apprendre qu’elle s’appelait Hertulie.

Hermotime l’aimait. Il la rencontra le matin de son arrivée en se promenant sur la