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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/144

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répondît pas à son salut, et, après une petite hésitation, comme pour ne point marquer, par décence, trop d’empressement, ni par politesse ne pas paraître déçue, elle demanda, en regardant la fleur : « Mais où donc est aujourd’hui notre Hermotime ? Encore à songer sur quelque livre ? » Hermas la contemplait gravement, en silence, avec des yeux de pitié douce. Elle lui paraissait si svelte et si frêle qu’il s’inquiétait d’avoir à lui dire la nouvelle inattendue ; elle lui semblait tout à fait pareille à l’iris délicat dont le port s’inclinait au poids de la fleur, si pareille qu’il allait en casser la flexibilité d’un contre-coup imaginaire de la longue canne d’épine noir. Le serpent d’argent enroulé au demi-caducée envenimerait l’amour de sa dent d’anxiété. Sans rien dire Hermas tendit la lettre à Hertulie.

Il la regardait lire assise sur la dernière marche de l’escalier. Elle lisait avec une application minutieuse, les coudes aux genoux sur la tige froissée de l’iris dont la fleur pendait tristement. Le mince papier qu’aucun vent ne remuait tremblait dans ses mains. D’un doigt elle rajustait une boucle de sa coiffure.