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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/15

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les pierres de ses bagues. Il me regardait sans me voir à cause du miroitement des vitres où heurta la pomme d’or de sa canne qu’il tenait sous son bras.

En entrant, le feutre qui le coiffait, jeté sur un meuble, découvrit une tête petite à ras cheveux blancs. Le visage olivâtre s’éclairait d’yeux d’un bleu très clair. Les mains vivaient, préhensives, et non gourdes et décharnées, détendues de lassitude ou rétractées d’acharnement comme souvent celles de la vieillesse.

A mon nom le Marquis m’accueillit : « Soyez le bienvenu, dit-il, j’ai beaucoup connu vos grands-oncles l’Amiral et l’Ambassadeur. »

En disant cela, il prit sur la table dans le vase d’agate, une mince pipe qu’il alluma après l’avoir bourrée et se mit à marcher d’un pas allègre, s’arrêtant parfois devant moi resté aussi debout. Les bouffées de fumée coupaient ses phrases, au passage.

« Je vois encore l’Amiral, me disait-il ; lui et son frère ne se ressemblaient, ni en stature, ni en corpulence. La sienne étonnait. J’ai servi sous eux, et s’il y a quelque honneur à l’avoir fait c’est que leurs entreprises voulaient pour