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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/217

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Elle descendait d’autant que les hauteurs riveraines la dominèrent davantage de leurs verdures. La proximité de grands arbres de plus en plus nombreux et hauts l’empreignit d’un surcroît de gravité. Il s’y creusa des porches d’ombre ; la ténèbre s’y voûta en grottes au seuil desquelles finissait le dernier miroitement du ciel dans cette onde, et la rivière entra dans la forêt, de toute son eau d’ébène, avec la barque où je ne voyais plus le bois des rames aux mains des rameurs qui, d’un geste maintenant énigmatique, semblaient supplier désespérément l’effroi souterrain de quelque Styx !

 

Ils avaient ramé longtemps, aussi, parfois, s’arrêtaient-ils, d’accord pour se reposer avec la curiosité du site. Là, alors, la barque s’encastrait nette et comme soudée à son reflet dans cette eau pétrifiée où, des avirons, tombaient des gouttelettes, une à une, énumératrices du silence qui comptait son heure à leur clepsydre minutieuse.

Le soir était venu moins peut-être que je n’étais allé vers lui. Il habitait la forêt et y paraissait congénère des lourds feuillages rive-