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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/27

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vitres basses à la façade du château, tellement qu’un éclat atteignit au front le sommelier et brisa la coupe que mon père lui tendait, à table, d’où les femmes se levèrent épouvantées et s’enfuirent.

Les jardiniers me trouvèrent le lendemain couché dans un massif, cuvant l’ivresse de ma frasque.

Ces braves gens vieillis à notre service furent peu surpris de cet excès. Ils y virent sans doute la suite de mes méfaits précoces, volières ouvertes, parterres piétinés, clôtures rompues et, une fois, les plus belles roses du jardin coupées sauvagement et éparses dans les allées.

J’avais sept ans à cette incartade. On me retira des mains des femmes et les précepteurs se succédèrent, de mois en mois, en défilé intermittent. J’y revois d’étranges figures. Il en vint des gras et des maigres, ventres rebondis et échines plates, tournures ecclésiastiques ou doctes maintiens, faces usées de vieux diacres et visages creux de jeunes laïcs, les uns puant la sacristie, les autres sentant la bibliothèque. Il m’en resta le souvenir qu’on attentait à ma liberté et de tous, quelque latin, peu de grec,