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Page:Répertoire national ou Recueil de littérature canadienne, compilé par J Huston, vol 1, 1848.djvu/369

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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

Après quelques heures de marche, nous arrivâmes au pied des montagnes ; il n’y avait plus de chemin pour la voiture ; nous la quittâmes, et nous nous enfonçâmes dans le bois. Après quelques recherches, nous traversâmes un petit ruisseau, et nous étions sur un plateau bien défriché et désert. On ne pouvait trouver un site plus riant. À notre droite et derrière nous, était un bois touffu ; à notre gauche, on voyait au loin des campagnes verdoyantes, de riches moissons, de blanches chaumières, et à l’horizon, sur un promontoire élevé, la ville et la citadelle de Québec ; devant nous s’élevait un amas de ruines, des murs crénelés et couverts de mousse et de lierre, une tour à demi tombée, quelques poutres, un débris de toit. C’était là le but de notre voyage. Après en avoir examiné l’ensemble, nous descendîmes aux détails ; nous parcourûmes tous ces restes d’habitation. Avec quel intérêt nous regardions chaque partie de pierre ! Nous escaladions les murs, montions aux étages supérieurs dans les escaliers dont les degrés disjoints tremblaient sous nos pas mal assurés, nous descendions avec des flambeaux dans des caves ténébreuses et humides, nous en parcourions toutes les sinuosités ; à chaque instant nous nous arrêtions au bruit sonore de nos pas sur le pavé, ou aux battements d’ailes des chauves-souris, qui s’enfuyaient effrayées de se voir ainsi visitées dans leurs sombres et silencieuses demeures. J’étais jeune et craintif, le moindre son me frappait, je me serrais contre mon père, j’osais à peine respirer. Oh ! non, jamais je n’oublierai cette promenade souterraine ! — Mais ma terreur fut bien augmentée à la vue d’une pierre sépulcrale, que nous heurtâmes du pied !… Nous y voici ! s’écria l’ami de mon père. Sa voix fut répétée d’écho en écho. Nous étions arrêtés devant cette pierre, nous tenions fixés sur elle nos regards avides. Nous y déchiffrâmes la lettre C à moitié effacée. — Après un instant de morne silence, nous sortîmes à mon grand plaisir de ce séjour de mort. Nous traversâmes ces ruines, et nous nous trouvâmes encore sur un vert gazon. C’était l’emplacement d’un jardin : on