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Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/458

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Pays, le Bien public, le National, ont dû tour à tour fermer leurs bureaux avec d’énormes déficits. Et pourtant ces journaux s’occupaient presque exclusivement de politique et de littérature, et protestaient de leur foi à l’Église et de leur extrême soumission à « Nos Seigneurs les Évêques » ! mais ils étaient suspects et partant foudroyés sans miséricorde.

Rappelons ce que nous avons noté déjà et ce qui explique l’influence croissante que le clergé catholique conquit au Canada, au moment même où cette influence allait de plus en plus décliner en France : — qu’au temps de la cession de la « Nouvelle-France » aux Anglais, le Canada se trouva en quelque sorte décapité, au point de vue social et intellectuel, par le départ des principales familles du pays et par le retour en France de la plupart des fonctionnaires, officiers, magistrats et commerçants. Les prêtres, à qui le traité de Paris garantissait leurs dîmes et leurs privilèges antérieurs, demeurèrent au contraire et devinrent tout naturellement les personnages les plus en vue du pays ; aussi eurent-ils bientôt la direction de la population qui demeurait fixée au sol. Le temps n’était plus désormais de ces grands conflits qui mettaient aux prises M. de Frontenac, le gouverneur royal, jaloux des prérogatives de sa charge, et l’évêque de Québec empressé d’accroître celles de son ordre. Le clergé romain allait régner sans conteste sur un peuple de bonne volonté, j’entends sur un peuple qui considérait leur personne comme sacrée et qui, au surplus, voyait en eux les représentants les plus éminents désormais de sa nationalité et de ses institutions. À mesure que l’élément anglais et protestant s’introduisait dans la colonie, les