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Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/336

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DE PHYSIQUE.

dis pour tenter de la réaliser. Le vol des oiseaux, en inspirant un sentiment de rivalité, sembloit offrir le modèle du mécanisme qui devoit servir à l’exécution du projet. Mais, en premier lieu, l’oiseau trouve des facilités pour exécuter les divers mouvemens relatifs au vol, dans la conformation de son corps, et dans la position et la structure de ses ailes-composées de plumes, dont la substance est très-légère, et qui sont des tuyaux creux ; de plus, la grande force musculaire dont il a été pourvu par l’Auteur de la nature, lui donne l’avantage de frapper l’air assez puissamment et assez rapidement, pour s’élever à son gré, s’élancer en avant et planer au-dessus du même endroit. Dans l’homme, au contraire, la force des muscles, loin de compenser le désavantage du poids, est bien inférieure à ce qu’elle devroit être, toutes choses égales d’ailleurs, pour le mettre en état d’agir sur l’air, avec un excès de vîtesse qui lui fit trouver un point d’appui dans ce fluide si mobile et si prompt à céder. De là, les tentatives malheureuses de tous ceux qui ont aspiré à la pratique d’un art qu’il falloit laisser aux héros de la fable.

335. On pouvoit viser au même but d’une autre manière, en substituant au mécanisme du vol, celui de la navigation. Pendant le cours du siècle dernier, Lana et Gallien, en se bornant à de simples spéculations, proposèrent deux moyens différens pour remplir ce second objet. Lana composoit son appareil de quatre globes de cuivre, dans lesquels on feroit le vide, et qui étant à la fois très-spacieux et très-minces, deviendroient capables, par leur excès de légèreté, d’enlever un homme avec son support. Mais plusieurs savans ont réfuté cette idée,