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Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/126

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ne trompette, ne tabourin, parmy le cloz vendangeoient. Car les porteguydons et port’enseignes avoient mis leurs guidons et enseignes l’orée des murs, les tabourineurs avoient defoncé leurs tabourins d’un cousté pour les emplir de raisins, les trompettes estoient chargez de moussines, chacun estoit desrayé, — il chocqua doncques si roydement sus eulx, sans dyre guare, qu’il les renversoyt comme porcs, frapant à tors et à travers, à vieille escrime.

Es uns escarbouilloyt la cervelle, es aultres rompoyt bras et jambes, es aultres deslochoyt les spondyles du coul, es aultres demoulloyt les reins, avalloyt le nez, poschoyt les yeulx, fendoyt les mandibules, enfonçoyt les dens en la gueule, descroulloyt les omoplates, sphaceloyt les greves, desgondoit les ischies, debezilloit les fauciles.

Si quelq’un se vouloyt cascher entre les sepes plus espès, à icelluy freussoit toute l’areste du douz et l’esrenoit comme un chien.

Si aulcun saulver se vouloyt en fuyant, à icelluy faisoyt voler la teste en pieces par la commissure lambdoide.

Si quelq’un gravoyt en une arbre, pensant y estre en seureté, icelluy de son baston empaloyt par le fondement.

Si quelqu’un de sa vieille congnoissance luy crioyt : Ha, Frere Jean, mon amy, Frere Jean, je me rend !

— Il t’est (disoit il) bien force ; mais ensemble tu rendras l’ame à tous les diables. »

Et soubdain luy donnoit dronos. Et, si personne tant feust esprins de temerité qu’il luy voulust resister en face, là monstroyt il la force de ses muscles, car il leurs transperçoyt la poictrine par le mediastine et par le cueur. À d’aultres donnant suz la faulte des coustes, leurs subvertissoyt l’estomach, et