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Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/143

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maigrement des harnoys de gueule. Si Grandgousier nous mettoit siege, dès à present m’en irois faire arracher les dents toutes, seulement que troys me restassent, autant, à voz gens comme à moy : avec icelles nons n’avangerons que trop à manger noz munitions.

— Nous, dist Picrochole, n’aurons que trop mangeailles. Sommes nous icy pour manger ou pour batailler ?

— Pour batailler, vrayement, dist Toucquedillon ; mais de la pance vient la dance, et où faim regne, force exule.

— Tant jazer ! dist Picrochole. Saisissez ce qu’ilz ont amené. »

Adoncqnes prindrent argent et fouaces et beufz et charrettes, et les renvoyerent sans mot dire, sinon que plus n’aprochassent de si près pour la cause qu’on leur diroit demain. Ainsi sans rien faire retournerent devers Grandgousier, et luy conterent le tout, adjoustans qu’il n’estoit aulcun espoir de les tirer à paix, sinon à vive et forte guerre.