Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/230

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L’aspre chaleur d’une grand flamme esprise
Pour mettre à fin les eaulx et l’entreprise.
Reste, en après ces accidens parfaictz,
Que les esleuz joyeusement refaictz
Soient de tous biens et de manne celeste,
Et d’abondant par recompense honeste
Enrichiz soient ; les aultres en la fin
Soient denuez. C’est la raison, affin
Que, ce travail en tel poinct terminé,
Un chascun ayt son sort predestiné.
Tel feut l’accord. O qu’est à reverer
Cil qui en fin pourra perseverer !

La lecture de cestuy monument parachevée, Gargantua souspira profondement, et dist es assistans :

«  Ce n’est de maintenant que les gens reduictz à la creance Evangelicque sont persecutez ; mais bien heureux est celluy qui ne sera scandalizé et qui tousjours tendra au but, au blanc que Dieu, par son cher Filz nous a prefix, sans par ses affections charnelles estre distraict ny diverty. »

Le moyne dist :

«  Que pensez vous, en vostre entendement, estre par cest enigme designé et signifié ?

— Quoy ? (dist Gargantua). Le decours et maintien de verité divine.

— Par sainct Goderan (dist le moyne), telle n’est mon exposition ; le stille est de Merlin le Prophète. Donnez y allegories et intelligences tant graves que vouldrez, et y ravassez, vous et tout le monde, ainsy que vouldrez. De ma part, je n’y pense aultre sens enclous q’une description du jeu de paulme soubz obscures parolles. Les suborneurs de gens sont les faiseurs de parties, qui sont ordinairement amys, et, après les deux chasses faictes, sont hors le jeu celluy qui y estoyt et l’aultre y entre. On croyt le premier qui dict si l’esteuf est sus ou soubs la chorde. Les eaulx sont les sueurs ;