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Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/318

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dont il faisoit enrager aulcunesfois les hommes et les femmes, & leur faisoit perdre contenance à l’esglise, car il disoit qu’il n’y avoit q’un antistrophe entre femme folle à la messe, & femme molle à la fesse.

En l’aultre avoir provision de fil, & d’aiguilles dont il faisoit mille petites diableries. Une fois à l’issue du Palays à la grant salle que un cordelier disoit la messe de messieurs il luy ayda à soy habiller et revestir, mais en l’acoustrant il luy cousit l’aulbe avecques sa robbe & chemise, et puis se retira quant messieurs de la court se vindrent asseoir pour ouyr messe. Mais quant ce fust à l’ite missa est, que le pouvre frater se voulut devestir son aulbe, il emporta ensemble & habit & chemise qui estoient bien cousuz ensemble, et se rebrassit iusques aux espaules monstrant son callibistris à tout le monde, qui n’estoit pas petit : sans doubte. Et le frater tousiours tiroit, mais tant plus ce descouvroit il, iusques à qu’un de messieurs de la court dist. Et quoy, ce beau pere nous veult il icy faire l’offrande et bayser son cul ? le feu sainct Antoine le bayse. Et des lors feut ordonné que les pouvres beaulx peres ne se despouilleroyent plus devant le monde, mais en leur sacristie, mesmement en presence des femmes, car ce leur seroit occasion de pecher du peché d’envie. Et le monde demandoit, Pourquoy est ce que ces fraters avoient la couille si longue ? Ledict Panurge soulut tresbien le probleme, disant ce que faict les oreilles des asnes si grandes, ce n’est sinon par ce que leurs meres ne leur mettoyent point de beguin en la teste, comme dit de Alliaco en ses suppositions. À pareille raison, ce que faict la couille des pouvres beatz, c’est qu’ilz ne portent point de chausses foncées, & leur pauvre membre s’estend en liberté à