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Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/335

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L’Angloys pour ce ne s’effraya, et, levant les deux mains en l’air, les tint en telle forme que les troys maistres doigtz serroyt on poing et passoyt les poulses entre le doigtz indice et moien, et les doigtz auriculaires demouroient en leurs extendues ; ainsi les presentoyt à Panurge, puys les acoubla de mode que le poulse dextre touchoyt le gausche et le doigt petit gausche touchoyt le dextre.

À ce, Panurge, sans mot dire, leva les mains et en feist tel signe. De la main gauche il joingnit l’ongle du doigt indice à l’ongle du poulse, faisant au meillieu de la distance comme une boucle, et de la main dextre serroit tous les doigts au poing, excepté le doigt indice, lequel il mettoit et tiroit souvent par entre les deux aultres susdictes de la main gauche. Puis de la dextre estendit le doigt indice et le mylieu, les esloignant le mieulx qu’il povoit et les tirans vers Thaumaste. Puis mettoit le poulce de la main gauche sus l’anglet de l’œil gauche, estendant toute la main comme une aesle d’oyseau ou une pinne de poisson, et la meuvant bien mignonnement de czà et de là ; autant en faisoit de la dextre sur l’anglet de l’œil dextre.

Thaumaste commençza paslir et trembler, et luy feist tel signe. De la main dextre il frappa du doigt meillieu contre le muscle de la vole qui est au dessoubz le poulce, puis mist le doigt indice de la dextre en pareille boucle de la senestre ; mais il le mist par dessoubz, non par dessus comme faisoit Panurge.

Adoncques Panurge frappa la main l’une contre l’aultre et souffle en paulme. Ce faict, met encores le doigt indice de la dextre en la boucle de la gauche, le tirant et mettant souvent. Puis estendit le menton, regardant intentement Thaumaste.

Le monde, qui n’entendoit rien à ces signes, entendit bien que