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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/129

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chapitre xxiiii

me recorde que Agripine miſt ſus à Lollie la belle, auoir interrogué l’oracle de Apollo Clarius pour entendre ſi mariée elle ſeroit auecques Claudius l’empereur. Pour ceſte cauſe feut premierement banie, & depuys à mort ignominieuſement miſe.

Mais (diſt Panurge) faiſons mieulx. Les iſles Ogygies ne ſont loing du Port Sammalo, faiſons y vn voyage apres qu’aurons parlé à noſtre Roy. En l’vne des quatre, laquelle plus a ſon aſpect vers Soleil couchant, on dict, ie l’ay leu en bons & antiques autheurs[1], habiter pluſieurs diuinateurs, vaticinateurs, & prophetes : y eſtre Saturne lié de belles chaines d’or, dedans vne roche d’or, alimenté de Ambroſie & Nectar diuin, les quelz iournellement luy ſont des cieulx tranſmis en abondance par ne ſçay quelle eſpece d’oizeaulx (peut eſtre que ſont les meſmes Corbeaulx, qui alimentoient es defers ſainct Paul premier hermite) & apertement prædire à vn chaſcun qui veult entendre ſon ſort, ſa deſtinée, & ce que luy doibt aduenir. Car les Parces rien ne fillent, Iuppiter rien ne propenſe & rien ne delibere, que le bon pere en dormant ne congnoiſſe. Ce nous ſeroit grande abbreuiation de labeur, ſi nous le oyons vn peu ſus celle mienne perplexité. C’eſt (reſpondit Epiſtemon) abus trop euident, & fable trop fabuleuſe. Ie ne iray pas.


  1. En bons & antiques autheurs. Voyez Plutarque, De la face qu’on voit dans la lune, 67 et 68.