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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/133

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chapitre xxv

tromancie (diſt Her Trippa continuant) moyenant laquelle Didius Iulianus empereur de Rome præuoyoit tout ce que luy doibuoit aduenir, il ne te fauldra poinct de lunettes. Tu la voyras en vn mirouoir briſgoutant auſſi apertement, que ſi ie te la monſtrois en la fontaine du temple de Minerue pres Patras. Par Coſcinomantie iadis tant religieuſement obſeruée entre les cerimonies des Romains. Ayons vn crible & des forcettes, tu voyras Diables. Par Alphitomantie deſignée par Theocrite en ſa Pharmaceutrie[1], & par Aleuromantie, meſlant du froment auecques de la farine. Par Aſtragalomantie. I’ay ceans les proiectz tous preſtz. Par Tyromantie. I’ay vn fromaige de Brehemont à propous. Par Gyromantie : ie te feray icy tournoyer force cercles, les quelz tous tomberont à gauſche ie t’en aſceure. Par Sternomantie : par ma foy, tu as le pictz aſſés mal proportionné. Par Libanomantie. Il ne fault qu’vn peu d’encent. Par Gaſtromantie, de la quelle en Ferrare longuement vſa la dame Iacoba Rhodogine[2] Engaſtrimythe. Par Cephaleonomantie, de laquelle vſer ſouloient les Alemans, routiſſans la teſte d’vn Aſne ſus des charbons ardens. Par Ceromantie. Là par la cire fondue en eaue tu voiras la figure de ta femme & de ſes taboureurs. Par Capnomantie. Sus des charbons ardens nous mettrons de la ſemence de Pauot & de Siſame. O choſe gualante ! Par Axinomantie. Fois icy prouiſion ſeulement d’vne coingnée & d’vne pierre Gagate, laquelle nous metterons ſus la braze. O comment Homere en vſe brauement enuers les amoureux de Penelope. Par Onymantie. Ayons de l’huylle & de la cire. Par Tephramantie. Tu voiras la cendre en l’aër figurante ta femme en bel eſtat. Par Botanomantie. I’ay icy des feuilles de Saulge à propos. Par

  1. Theocrite en ſa Pharmaceutrie.

    Ἅλφιτά τοι πρᾶτον πυρὶ τάϰεται.

    (Idylles, II, 18)
  2. Iacoba Rhodogine. Voyez ci-après, p. 302, note sur la l. 2 de la p. 474.*
    * Iacobe Rodogine. Toute cette histoire est tirée des Antlquæ lectiones (VIII, 10) de Cœlius Rhodiginus, originaire de Rovigo, comme la ventriloque dont il parle ; c’est lui qui a fourni à Rabelais la plupart des témoignages mentionnés au commencement de ce chapitre. Voyez t. II, p. 125.