Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
de l’avthevr

railles, dreſſoient baſtions, eſquarroient rauelins, cauoient foſſez, eſcuroient contremines, gabionnoient defenſes, ordonnoient plates formes, vuidoient chaſmates, rembarroient faulſes brayes, erigeoient caualliers, reſſapoient contreſcarpes, enduiſoient courtines, taluoient parapetes, enclauoient barbacanes, aſſeroient machicoulis, renouoient herſes Sarrazinesques, & Cataractes, aſſoyoient ſentinelles, foriſſoient patrouilles. Chaſcun eſtoit au guet, chaſcun portoit la hotte. Les vns poliſſoient corſeletz, verniſſoient alecretz, nettoyoient bardes, chanfrains, aubergeons, briguandines, ſalades, bauieres, cappelines, guiſarmes, armetz, mourions, mailles, iazerans, braſſalz, taſſettes, gouſſetz, guorgeriz, hoguines, plaſtrons, lamines, aubers, pauoys, boucliers, caliges, greues, ſoleretz, eſprons. Les autres appreſtoient arcs, fondes, arbaleſtes, glands, catapultes, phalarices, micraines, potz, cercles, & lances à feu : baliſtes, ſcorpions, & autres machines bellicques repugnatoires & deſtructiues des Helepolides. Eſguiſoient vouges, picques, rancons, halebardes, hanicroches, volains, lancers, azes guayes, fourches fières, parthiſanes, maſſues, haſches, dards, dardelles, iauelines, iauelotz, eſpieux. Affiloient cimeterres, brands d’aſſier, badelaires, paſſuz, eſpées, verduns, eſtocz, piſtoletz, viroletz, dagues, mandouſianes, poignars, couſteaulx, allumelles, raillons. Chaſcun exerceoit ſon penard : chaſcun deſrouilloit ſon braquemard. Femme n’eſtoit, tant preude ou vieille feuſt, qui ne feiſt fourbir ſon harnoys : comme vous ſçauez que les antiques Corinthiennes eſtoient au combat couraigeuſes[1].

Diogenes les voyant en telle ferueur meſnaige remuer, & n’eſtant par les magiſtratz enployé à choſe aulcune

  1. Au combat couraigeuſes. Rabelais ne songe pas ici aux combats guerriers. Il ne faut pas oublier que Corinthe était avant tout célèbre par son temple de Vénus et ses courtisanes, d’où le proverbe : « Non licet omnibus adire Corinthum, » que nous trouvons ainsi traduit quelques lignes plus loin : « A chaſcun n’eſt oultroyé entrer & habiter Corinthe. »