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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/252

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le tiers livre

ſe rendirent à compoſition. Et par leur recit congneut Cæſar l’admirable nature de ce boys[1], lequel de ſoy ne faict feu, flambe, ne charbon : & ſeroit digne en ceſte qualité d’eſtre on degré mis de vray Pantagruelion, & d’autant plus que Pantagruel d’icelluy voulut eſtre faictz tous les huys, portes, feneſtres, gouſtieres, larmiers, & l’ambrun de Theleme : pareillement d’icelluy feiſt couurir les pouppes, prores, ſougons, tillacs, courſies, & rambades de ſes carracons, nauires, gualeres, gualions, brigantins, fuſtes, & aultres vaiſſeaulx de ſon arſenac de Thalaſſe : ne feuſt que Larix en grande fournaiſe de feu prouenent d’aultres eſpeces de boys, eſt en fin corrumpu & diſſipé, comme ſont les pierres en fourneau de chaulx. Pantagruelion Aſbeſte plus toſt y eſt renouuelé & nettoyé, que corrumpu ou altéré. Pourtant

Indes, ceſſez, Arabes, Sabiens,
Tant collauder vos Myrrhe, Encent, Ebene,
Venez icy recongoiſtre nos biens,
Et emportez de noſtre herbe la grene.
Puys ſi chez vous peut croiſtre, en bonne eſtrene,
Graces rendez es cieulx vn million :
Et affermez de France heureux le regne,
On quel prouient Pantagruelion.

Fin du troisiesme liure des faicts
& dicts Heroïcques du
bon Pantagruel
.

  1. Congneut Cæſar l’admirable nature de ce boys. Voyez Vitruve, II, 9.