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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/285

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Comment Pantagruel repceut letres de ſon pere Gargantua : & de l’eſtrange maniere de ſçauoir nouuelles bien ſoubdain des pays eſtrangiers & loingtains.


Chapitre III.


Pantagrvel occupé en l’achapt de ces animaulx peregrins feurent ouiz du mole dix coups de Verſes & Faulconneaulx : enſemble grande & ioyeuſe acclamation de toutes les naufz. Pantagruel ſe tourne vers le haure, & veoyd que c’eſtoit vn des Celoces[BD 1] de ſon pere Gargantua, nommé la Chelidoine : pource que ſus la pouppe eſtoit en ſculpture de ærain Corinthien vne Hirondelle de mer eleuee. C’eſt vn poiſſon grand comme vn dar de Loyre, tout charnu, ſans eſquames, ayant aeſles cartilagineuſes (quelles ſont es ſouriz chaulues) fort longues & larges : moyenans les quelles ie l’ay ſouuent veu voler vne toyſe au deſſus l’eau plus d’vn trait d’arc. A Marſeille on le nomme Lendole. Ainſi eſtoit ce vaiſſeau legier comme vne Hirondelle, de ſorte que plus touſt ſembloit ſus mer voler que voguer. En iceluy eſtoit Malicorne eſcuyer tranchant de Gargantua, enuoyé expreſſement de par luy entendre l’eſtat & portement de ſon filz le bon Pantagruel, & luy porter letres de creance.

  1. Celoces. vaiſſeaulx legiers ſus mer