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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/294

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Comment Pantagruel rencontra vne nauf de voyagers
retournans du pays Lanternois.


Chapitre V.


Au cinquieme iour ia commençans tournoyer le pole peu à peu, nous eſloignans de l’Æquinoctial deſcouvriſmes une navire marchande faiſant voile à horche vers nous. La ioye ne feut petite tant de nous, comme des marchans : de nous entendens nouvelles de la marine, de eulx entendens nouvelles de terre ferme. Nous rallians avecques eulx congneuſmes qu’ilz eſtoient François Xantongeoys. Dont eut nouveau accroiſſement d’alaigreſſe, auſſi eut toute l’aſſemblee, meſmement nous enqueſtans de l’eſtat du pays, & meurs du peuple Lanternier : & oyans advertiſſement que ſus la fin de Iuillet ſubſequent eſtoit l’aſſignation du chapitre general des Lanternes[1] : & que ſi lors y arrivions (comme facile nous eſtoit) voyrions belle, honorable, & ioyeuſe compaignie des Lanternes : & que l’on y faiſoit grands appreſtz, comme ſi l’on y deuſt profondement lanterner. Nous feuſt auſſi dict, que paſſans le grand royaulme de

  1. Chapitre general des Lanternes. Tous les commentateurs, même les plus réservés quant aux interprétations historiques, s’accordent à voir dans ce chapitre général, convoqué pour « la fin de Iuillet, » où l’on devait « profondement lanterner, » et d’où l’on revenait par le mont Cenis (t. II, p. 297, l. 20), le concile de Trente dont la sixième session avait été convoquée pour le 29 juillet 1546.