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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/339

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Comment Pantagruel paſſa les iſles de Thohu & Bohu[BD 1][1] :
& de l’eſtrange mort de Bringuenarilles
aualleur de moulins à vent.


Chapitre XVII.


Ce meſmes iour paſſa Pantagruel les deux iſles de Thohu & Bohu : es quelles ne trouuaſmes que frire. Bringuenarilles le grand geant auoit toutes les paelles, paellons, chauldrons, coquaſſes, lichefretes, & marmites du pays auallé, en faulte de moulins à vent, des quelz ordinairement il ſe paiſſoit. Dont eſtoit aduenu, que peu dauant le iour ſus l’heure de ſa digeſtion il eſtoit en griefue maladie tombé, par certaine crudité d’eſtomach, cauſée de ce (comme diſoient les Medicins) que la vertus concoctrice de ſon eſtomach apte naturellement à moulins à vent tous brandifz digerer, n’auoit peu à perfection conſommer les paelles & coquaſſes : les chauldrons & marmites auoit aſſez bien digeré. Comme diſoient congnoiſtre aux hypoſtaſes & eneoremes de quatre buſſars de vrine, qu’il auoit à ce matin deux foys rendue.

Pour le ſecourir vſerent de diuers remedes ſcelon l’art. Mais le mal feut le plus fort que les remedes.

  1. Tohu & Bohu. Hebrieu : deſerte & non cultiuee
  1. Thohu & Bohu. Ces mots hébreux, expliqués dans la briefue declaration, sont tirés du commencement de la Genèse : « Et terra erat solitudo (tohu) et inanitas (bohu). »