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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/411

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chapitre xxxvii

alleguer ce que aduint à L. Paulus Æmylius[1], lors que par le ſenat Romain feut eſleu Empereur, c’eſt à dire chef de l’armee, qu’ilz enuoyoient contre Perſes roy de Macedonie. Icelluy iour ſus le ſoir retournant en ſa maiſon pour ſoy apreſter au deſlogement, baiſant vne ſiene fille nommée Tratia, aduiſa qu’elle eſtoit aulcunement triſte. Qui a il, (diſt il) ma Tratia ? Pourquoy es tu ainſi triſte & faſchee ? Mon pere (reſpondit elle) Perſa eſt morte. Ainſi nommoit elle vne petite chiene, qu’elle auoit en delices. A ce mot print Paulus aſceurance de la victoire contre Perſes. Si le temps permettoit que puiſſions diſcourir par les ſacres bibles des Hebreux, nous trouuerions euidemment cent paſſages inſignes nous monſtrans euidemment en quelle obſeruance & religion leurs eſtoient les noms propres auecques leurs ſignifications.

Sus la fin de ce diſcours arriuerent les deux coronelz accompaignez de leurs ſoubdars tous bien armez, & bien deliberez. Pantagruel leurs feiſt vne briefue remonſtrance, à ce qu’ilz euſſent à ſoy monſtrer vertueux au combat, ſi par cas eſtoient contraincts (car encores ne pouoit il croire que les Andouilles feuſſent ſi traiſtreſſes) auecques defenſe de commencer le hourt : & leur bailla Mardigras pour mot du guet.



  1. Ce que aduint à L. Paulus Æmylius. Voyez Cicéron, De la Divination, I, 46. Il y a deux petites inexactitudes dans le texte de Rabelais. Le nom de la fille de Paul Émile est Tertia et non Tratia ; et Persa, malgré la terminaison féminine de son nom, est un petit chien, catellus, et non une chienne.