Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/446

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Pantagruel demandoit ce pendent à un mousse de leur esquif qui estoient ces personaiges. Il luy feist response, que c’estoient les quatre estatz de l’isle : adiousta d’adventaige que serions bien recuilliz & bien traictez, puys qu’avions veu le Pape. Ce que il remonstra à Panurge, lequel luy dist secretement.

Ie foys veu à Dieu c’est cela. Tout vient à poinct à qui peult attendre. A la veue du Pape iamais n’avions proficté : à ceste heure de par tous les Diables nous profitera comme ie voy.

Allors descendismez en terre & venoient au davant de nous comme en procession tout le peuple du pays, homes, femmes, petitz enfans. Nos quatre estatz leurs dirent à haulte voix.

Ilz le ont veu. Ilz le ont veu. Ilz le ont veu.

A ceste proclamation tout le peuple se agenoilloit davant nous, levans les mains ioinctes au ciel & cryans.

O, gens heureux. O bien heureux.

Et dura ce crys plus d’un quart d’heure. Puys y accourut le maistre d’escholle avecques tous ses pedagogues, grimaulx, & escholiers, & les fouettoit magistralement, comme on souloit fouetter les petitz enfans en nos pays quand on pendoit quelque malfaicteur. Affin qu’il leurs en soubvint.

Pantagruel en feut fasché, & leurs dist. Messieurs, si ne desister fouetter ces enfans, ie m’en retourne.

Le peuple s’estonna entendent la voix Stentorée & veiz un petit bossu à longs doigtz demandant au maistre d’eschole. Vertus de Extravaguantes, ceulx qui voyent le Pape deviennent ilz ainsi grands comme cestuy cy qui nous menasse ? O qu’il me tarde merveilleusement que ie ne le voy, affin de croistre & grand comme luy devenir. Tant grandes feurent leurs exclamations, que Homenaz y accourut (ainsi appellent ilz leur Evesque) sus une