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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/449

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chapitre xlix

ment d’icelles il ſentoit vn doulx prurit des ongles & deſgourdiſſement de bras : enſemble temptation vehemente en ſon eſprit de battre vn ſergent ou deux, pourueu qu’ilz n’euſſent tonſure. Adoncques nous diſt Homenaz. Iadis feut aux Iuifz la loy par Moſes baillee eſcripte des doigts propres de Dieu. En Delphes dauant la face du temple de Apollo feyt trouuee ceſte ſentence diuinement eſcripte ΓΝΩΘΙ ΣΕΑΥΤΟΝ[BD 1][1]. Et par certain laps de temps apres feut veue ΕΙ[BD 2][2] auſſi diuinement eſcripte & tranſmiſe des Cieulx. Le ſimulachre de Cybele feut des Cieulx en Phrygie tranſmis on champ nommé Peſinunt. Auſſi feut en Tauris le ſimulachre de Diane, ſi croyez Euripides[3]. L’oriflambe feut des Cieulx tranſmiſe aux nobles & treſchriſtians Roys de France pour combatre les Infideles. Regnant Numa Pompilius Roy ſecond des Romains en Rome feut du Ciel veu deſcendre le tranchant bouclier dict Ancile. En Acropolis de Athenes iadis tomba du Ciel empire la ſtatue de Minerue. Icy ſemblablement voyez les ſacres Decretales eſcriptes de la main d’vn ange Cherubin. Vous aultres gens Tranſpontins ne le croirez pas (Aſſez mal, diſt Panurge) & à nous icy miraculeuſement du Ciel des Cieulx tranſmiſes, en façon pareille que par Homere pere de toute Philoſophie (exceptez touſiours les diues Decretales) le fleuue du Nile eſt appellé Diipetes[BD 3][4]. Et parce qu’auez veu le Pape euangeliſte d’icelles & protecteur ſempiternel, vous ſera de par nous permis les veoir & baiſer au dedans ſi bon vous ſemble. Mais il vous conuient par auant trois iours ieuner, & regulierement confeſſer, curieuſement eſpluchans & inuentorizans vos pechez tant dru, qu’en terre ne tombaſt vne ſeule circonſtance, comme diuinement

  1. ΓΝΩΘΙ ΣΕΑΥΤΟΝ. Congnois toy meſmes
  2. ΕΙ. tu es. Plutarche a faict vn liure ſingulier de l’expoſition de ces deux lettres
  3. Diipetes. deſcendens de Iupiter
  1. ΓΝΩΘΙ ΣΕΑΥΤΟΝ. Voyez ci-dessus, p. 245, note sur la l. 12 de la p. 124.*
    * Congnois toy. Voyez t. II, p. 441, l. 7-9.
  2. ΕΙ. — Plutarque, Que ſignifioit ce mot ΕΙ qui eſtoit engraué ſur les portes du temple d’Apollo en la ville de Delphes.
  3. Euripides. — Iphigénie en Tauride, v. 85.
  4. Diipetes. — Odyssée, IV, 77.