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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/511

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Comment pres l’iſle de Ganabin[BD 1] au commendement
de Pantagruel feurent les Muſes ſalüees.


Chapitre LXVI.


Continvant le bon vent, & ces ioyeulx propous, Pantagruel deſcouurit au loing, & apperceut quelque terre montueuſe : laquelle il monſtra à Xenomanes, & luy demanda. Voyez vous cy dauant à Orche ce hault rochier à deux crouppes bien reſſemblant au mons Parnaſſe en Phocide ? Treſbien, reſpondit Xenomanes. C’eſt l’iſle de Ganabim, Y voulez vous deſcendre ? Non, diſt Pantagruel. Vous faictez bien, diſt Xenomanes. Là n’eſt choſe aulcune digne d’eſtre veue. Le peuple ſont tous voleurs, & larrons. Y eſt toutesfoys vers ceſte crouppe dextre la plus belle fontaine du monde, & autour vne bien grande foreſt. Vos chormes y pourront faire aiguade & lignade.

C’eſt, diſt Panurge, bien & doctement parlé. Ha, da, da. Ne deſcendons iamais en terre des voleurs & larrons. Ie vous aſceure que telle eſt ceſte terre icy, quelles aultres foys i’ay veu les iſles de Cerq & Herm entre Bretaigne & Angleterre : telle que la Ponerople[BD 2] de Philippe[1] en Thrace, iſles des forfans,

  1. Ganabin. larrons. Hebrieu
  2. Ponerople. ville des meſchans
  1. La Ponerople de Philippe. Plutarque, De la curiosité, X.