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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/74

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Comment Pantagruel conſeille Panurge preuoir l’heur
ou malheur de ſon mariage par ſonges.


Chapitre XIII.


Or puys que ne conuenons enſemble en l’expoſition des ſors Virgilianes, prenons aultre voye de divination. Quelle ? (demanda Panurge). Bonne, (reſpondit Pantagruel) antique, & authenticque, c’eſt par ſonges. Car en ſongeant auecques conditions les quelles deſcriuent Hippocrates lib. περί ἑνπνίων[1], Platon, Plotin, Iamblicque, Syneſius, Ariſtoteles, Xenophon, Galen, Plutarche, Artemidorus Daldianus, Herophilus, Q. Calaber, Theocrite, Pline, Athenæus, et aultres, l’ame ſouuent prevoit les choſes futures. Ia n’eſt beſoing plus au long vous le prouuer. Vous l’entendez par exemple vulguaire, quand vous voyez lors que les enfans bien nettiz, bien repeuz, & alaictez, dorment profondement, les nourrices s’en aller eſbatre en liberté, comme pour icelle heure licentiées à faire ce que vouldront : car leur preſence au tour du bers ſembleroit inutile. En ceſte façon noſtre ame lors que le corps dort, & que la concoction eſt de tous endroictz paracheuée, rien plus n’y eſtant neceſſaire iusques au

  1. περί ένπνίων. « Sur les Songes. »