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Page:Rabelais marty-laveaux 03.djvu/257

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chapitre vii

cil qui en ce temps ſera ſa prouiſion d’argent mieulx que de Aranes toute l’année. Les gryphons, & marrons[1] des montaignes de Sauoie, Daulphiné, & Hyperborées qui ont neiges ſempiternelles, ſeront fruſtrez de ceſte ſaiſon, & n’en auront point, ſelon l’opinion d’Auicenne qui dict que le printemps eſt lours que les neiges tombent des mons. Croyez ce porteur. De mon temps lon contoit, Ver[2], quand le Soleil entroit au premier degré de Aries. Si maintenant on le compte autrement, ie paſſe condemnation. Et iou mot[3].


  1. Les gryphons, & marrons. Rabelais appelle en plaisantant les guides ou porteurs gryphons, non, comme le dit Le Duchat, parce qu’ils montent « comme de vrais gryphons, » mais parce qu’ils ont les jambes garnies de crampons de fer appelés griffes. — Quant au mot marron, il est d’origine italienne : « Marrone, dit Oudin, maron, homme qui ſert à paſſer les montaignes & principalement au mont Cenis. » Montaigne a dit dans ses Voyages, à l’article Novaleſe : « Locai li otto marronii quali mi portaſſero in ſedia fin alla cima di Mon Senis. » C’est de l’un d’eux que Rabelais parle quand il dit un peu plus loin : « Croyez ce porteur. »
  2. Ver. Nom latin du printemps.
  3. Et iou mot. Littéralement : « et je (moi) mot, » c’est-à-dire : « moi je ne dis mot ; motus. »