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Page:Rabelais marty-laveaux 04.djvu/319

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ve livre, t. iii, p. 1

par gens qui n’ont du ſcauoir, ny le iugement ſolide : Mais qui prendra garde de pres, trouuera que c’eſt vn Democrite, qui ſe rit de toutes les actions humaines : Ou vn Lucian, qui ſe mocque des abus qui ſe commettent entre les homme ; : mais il n’a iamais touché à ce qui concerne l’Egliſe Apoſtolique & Romaine : neantmoins ie ſuis d’opinion pour le meilleur, & pour la difficulté qu’il y a de conceuoir ſon intention, qu’il ne doit eſtre leu ny receu, auſſi eſt-il cenſuré par le Concile de Trente.

« Quant au liure dernier qu’on met entre ſes œuures, qui eſt intitulé l’Iſle ſonnante, qui ſemble à bon eſcient blaſmer & ſe mocquer des gens & officiers de l’Egliſe catholique ie proteſte qu’il ne l’a pas compoſé, car il ſe ſit long temps apres ſon decez, i’eſtoy à Paris lors qu’il fut fait, & ſcay bien qui en fut l’autheur, qui n’eſtoit Medecin. »

Ces témoignages n’ébranlèrent pas la confiance des critiques et des commentateurs des deux siecles suivants : « Je vois bien, écrivait Gui Patin (lettre 341, t. II, p. 451) ce qu’on nous a dit de l’Ile ſonnante ; mais même le cinquième livre n’a jamais été mis en lumière que longtemps après ſa mort, qui néanmoins eſt beau & auſſi bienfait que les autres. » — Le Duchat a dit non moins affirmativement, dans sa note 1 sur le prologue de ce livre : « Le 5. livre eſt certainement de Rabelais. C’eſt ſon ſtyle, c’eſt ſon eſprit. » Au témoignage de Louis Guyon il répond, d’ailleurs sans aucune preuve, que « prévoiant qu’on ne manqueroit pas de lui citer Rabelais, il a taché pour l’honneur de la profeſſion de le juſtifier le moins mal qu’il lui a été poſſible, avançant touchant l’Iſle ſonnante des particularitez qu’il auroit eu bien de la peine à prouver. » — Quant au témoignage de Du Verdier, dans sa Proſopographie, Le Duchat prétend qu’il concerne, non l’Iſle ſonnante, mais Fanfreluche & Gaudichon. Le savant commentateur se fonde, pour l’établir, sur une autre assertion de Du Verdier qui dit dans sa Bibliothèque, à l’article de Guillaume des Autels :