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Page:Rabier, Bringer, Caramel, histoire d'un singe, Boivin et Cie, 1927.djvu/62

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Caramel en fait autant.

Cadet se saisit du couteau qui est devant lui ; Caramel l’imite ; Cadet, de sa main gauche, prend son boudin ; Caramel, de sa main gauche, prend sa queue ; puis, d’un coup sec, Cadet tranche son boudin, et, hélas ! trois fois hélas ! Caramel, d’un coup sec, tranche dix centimètres de sa belle queue dont il était si fier et qui lui rendait tant de services.

Adieu, bel appendice caudal qui le distinguait de la race humaine, de ces pauvres humains qui n’ont que quatre membres à leur service !

Caramel coupe sa queue.
Caramel coupe sa queue.

Si jamais tu retournais dans les forêts d’Afrique, ô mon pauvre Caramel, sur ces rives féeriques du Congo où tu vis le jour, tes congénères désormais, ne voudraient plus te reconnaître et, indignés, te chasseraient de la race simiesque.

Et les éléphants, les girafes, les autruches, les alligators, les hippopotames, tes sincères admirateurs, ne verraient plus en toi qu’un misérable infirme, un malheureux estropié, incapable désormais de les faire rire et de les divertir.

Ô pauvre Caramel ! voilà où t’ont conduit ta confiance et ta naïveté.

Ô polisson de Cadet !

Comme tu mériterais d’être châtié ainsi que tu le mérites.

Mais les dieux vengeurs te puniront un jour.

En attendant, quelle belle fessée t’administra ta mère pour lui avoir dérobé les deux meilleurs couteaux de sa cuisine !