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Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/372

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Il s’habilla, se peigna, puis après avoir, dans un éclair de sa galanterie chaste d’autrefois, effleuré les doigts de la comtesse, il suivit sa femme.

— Je vous jure, c’est elle qui a voulu ces bêtises ! ajouta-t-il, dès qu’ils furent chez eux.

Mary écrivit une lettre charmante le soir même à madame de Liol, elle lui fixait une heure pour le surlendemain, ayant besoin de s’entendre de nouveau à propos de leur époux.

Le cocher Joseph déclara que la jeune femme, en lisant cette lettre, s’était pâmée de joie et lui avait jeté un louis.

La comtesse vint, superbe, décolletée, provocante, flairant une victoire, elle avait dévalisé un étalage de bouquetière et apportait de quoi faire tout une couche de lilas blanc. Mary, hermétiquement boutonnée, vêtue d’une robe de drap noir, gantée de Suède jusqu’à l’épaule, conservait son air de dédain habituel. Le baron, caché par un store, plus nerveux que jamais, attendait le résultat de la scène qu’on lui promettait très folle.

— Enfin ! s’écria la comtesse, se jetant au cou de Mary.

— Puisque vous le voulez !… répondit la fille du hussard, dont le bras gauche replié derrière son dos paraissait tout agité. Le salon était clos, les velours jaunes, rebrochés de soie en médaillon Louis XV, s’égayaient d’un énorme feu crépitant, une chaise pompadour, devant l’âtre, invitait aux ébats mystiques, et les lampes, voilées d’écrans mul-