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Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/198

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quitté une seule seconde. Marcelle, que la colère envahissait à son tour, serrait les dents.

— Imbécile ! grinça-t-elle.

Louis fit une volte.

— Madame… en êtes-vous bien sûre ? J’ai pourtant lu votre petit livre rouge, où il est question d’une coquette qui fait des avances à un collégien naïf… Comme je ne suis pas un collégien naïf, vous pouvez croire que j’aime assez ma femme pour ne pas oser lui faire d’infidélité… même quand l’on me tente. Et il riait, ses bons yeux francs clignant, malicieux, quoique allumés.

— Vous m’écœurez, mon cher, répliqua Marcelle, dont la lèvre avait des tremblements de rage.

— Adieu, madame, je sors…

Louis traversa le salon, riant encore intérieurement.

— Je perds la partie ! songeait Marcelle toute frémissante… Ils ne reviendront plus ni l’un ni l’autre.

Dans la maison Bartau, on banquetait. Les douzaines d’huîtres se succédaient sans interruption. Le docteur Rampon, invité par le père Tranet, découpait une volaille appétissante, en expliquant qu’il n’était pas communard, mais qu’il admettait certains principes de la Commune. Louise buvait du champagne pour s’étourdir, maman Bartau daignait l’approuver.

— Allons ! ma petite, oublions les mauvais jours… C’est le papa qui nous régale…

Louis s’assit près d’eux, il but comme un fou.

— Ce sera cher, mais c’est très bon, cette