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Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/240

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IX

Les Bartau ont acheté la villa de marbre. C’est presque une infamie… mais ils y vivent très heureux, très paisibles.

Quelques mois après le suicide de Mme Marcelle Désambres, Hector Carini, son frère, a mis en vente ce temple mystérieux d’un amour monstrueux, et Louis, voulant se rapprocher de leur scierie mécanique, s’est décidé, sur les instances de Louise… Ils ont payé cette villa charmante la moitié de sa valeur, naturellement.

Le drame n’a pas fait grand bruit. Hector, le sculpteur s’attendait à ce dénouement, il l’avait déjà prédit. Une fois les constatations d’usage terminées, il a emporté le cadavre de sa sœur avec son héritage, tous les bibelots rares, les tableaux, les étoffes. Le magistrat chargé de l’enquête traditionnelle a deviné les choses qu’on ne lui expliquait pas : puisqu’elle s’habillait en homme pour mourir, c’est qu’elle était folle, et puisqu’elle s’était tuée le soir même de la noce de Tranet, c’est qu’elle avait aimé Tranet ! Un de ces amours de bas étage qu’on découvre souvent entre un ouvrier et une grande dame, passion réprouvée menant