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Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/86

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Paris pour placer du bois dur chez le père de Louise. Le mariage de ces enfants s’organisa selon les habitudes du papa Tranet.

— Vous me plaisez… elle vous plaît… je vais la retirer tout à fait du couvent et vous l’épouserez dans six mois !… avait dit l’excellent homme, en frappant sur l’épaule de son marchand de bois. Quant à Louise, qui était en vacances dans le magasin, elle s’était contentée de sourire, car elle avait des coquetteries terribles pensant oui et laissant croire non. La mère Bartau, remplis d’une vieille haine contre ce fou de Tranet, un homme porté sur les choses du libertinage, refusa d’abord son consentement. La dot de la fille n’était qu’une perspective de faillite que le père allait sûrement faire, mais Louis se montra si têtu qu’il fallut bien céder.

Tranet leur unit les mains dès que Mme Bartau eut lâché sa permission solennelle, et il leur cria :

— Mes enfants, vous pouvez vous embrasser dans les coins si cela vous amuse. À votre place je ne perdrais pas de temps. Vive la bagatelle !

Heureusement pour la vertu de Mlle Tranet que M. Bartau avait été élevé en province !

Ce matin-là, Louis, après la lecture de ses deux lettres, déjeuna fort mal. Louise n’osait pas lever les yeux, Mme Bartau bougonnait. On ne disait rien ; c’est le propre des petits commerçants de réfléchir à des choses très simples pendant très longtemps. Dans la faillite du père, Louis ne voyait guère que le caractère amoureux de la fille. Un caractère charmant, somme toute. Est-ce qu’elle se plai-