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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/181

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frayeur. Je mourrai de faim : je n’ai rien mangé depuis le dîné.

Emilie put à peine s’empêcher de sourire de tous les genres de chagrins d’Annette. Enfin elle en obtint une sorte de direction vers la tour de l’est. Après plusieurs recherches et beaucoup d’embarras, elle atteignit les escaliers de la tour, et s’arrêta au pied pour fortifier tout son courage par le sentiment de son devoir. Pendant qu’elle examinoit ce lieu d’effroi, elle apperçut une porte à l’opposé de l’escalier. Incertaine si cette porte la conduiroit jusqu’à madame Montoni, elle essaya d’en tirer les verroux. Un air plus frais vint frapper son visage. Cette porte donnoit sur le rempart de l’est, et le vent, quand elle ouvrit, éteignit presque sa lumière. Elle tourna ses regards sur la terrasse obscure, et distingua difficilement les murailles et quelques tours. Les nuages agités par les vents sembloient se mêler aux étoiles, et redoubler les ombres de la nuit. Elle referma promptement la porte, prit sa lampe et monta.

L’image de sa tante poignardée peut-être de la main de Montoni vint épouvanter son esprit. Elle trembla, retint ses soupirs, et se repentit d’avoir osé venir en ce lieu. Son devoir triomphant de sa terreur, elle con-