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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/192

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celant sur l’azur des cieux, et roulant sans se confondre dans l’espace. Elle se rappela combien de fois, avec son père chéri, elle avoit observé leur marche et remarqué leur cours. Ces réflexions la conduisirent à d’autres, et réveillèrent presqu’également et sa douleur et sa surprise.

Elles lui retracèrent l’étrange tableau des tristes événemens qui avoient succédé aux premières douceurs de sa vie. Emilie, si doucement élevée, si tendrement aimée ; Emilie qui avoit connu et la bonté et le bonheur ! ses dernières secousses, sa situation présente dans une terre étrangère, dans un château isolé ! environnée de tous les vices, exposée à toutes les violences, elle croyoit faire le rêve d’une imagination malade, et ne pouvoit se persuader que tant de maux fussent des réalités. Elle pleuroit à la seule pensée de ce que ses parens eussent souffert, s’ils avoient pu prévoir les infortunes qui l’attendoient.

Elle, leva les yeux vers le ciel, et observa la même planète qu’elle avoit remarquée en Languedoc la nuit qui précéda la mort de son père. Elle se trouvait au-dessus des tours orientales du château. Emilie se rappela l’entretien relatif à l’état des ames ; elle se rappela aussi la musique qu’elle avoit