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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/119

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sa mule, s’assirent sur le gazon, et tirèrent d’une valise quelques alimens : Emilia essaya de manger, pour mieux leur déguiser sa crainte.

Le soleil étoit éclipsé par les hautes montagnes d’occident : le pourpre y répandoit ses nuances foncées sur l’horizon, et le crépuscule s’étendoit sur tous les objets ; le murmure sourd du zéphyr dans les bois ne consoloit plus Emilie, et concouroit, avec l’âpreté du site et l’heure de la soirée, à l’abattement de ses esprits.

L’incertitude avoit tant augmenté son anxiété au sujet du prisonnier d’Udolphe, que, ne pouvant s’entretenir seule avec Bertrand, elle lui fit des questions en la présence d’Ugo ; il affecta une ignorance entière à cet égard. Après cette réponse, il entretint Ugo sur un sujet qui l’amena à parler du signor Orsino, et de l’affaire qui le bannissoit de Venise. Emilie se permit de faire quelques questions. Ugo paroissoit bien savoir les circonstances de ce tragique événement, et rapporta des particularités qui la choquèrent et la surprirent. Il étoit bien extraordinaire que de telles particularités fussent connues par des personnes qui n’auroient pas été témoins de l’assassinat.