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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/133

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l’orage que de ses guides, et d’autres craintes occupoient son esprit.

Les hommes s’étoient placés sous un grand châtaignier ; ils avoient mis leurs piquet en terre. Emilie plusieurs fois remarqua la flamme légère qui se jouoit autour de leurs pointes.

— Je voudrois bien que nous fussions au château, dit Bertrand, et je ne sais pourquoi le signor nous a chargés de cette affaire. Ô mon dieu ! quel vacarme là-haut ! Je me ferois prêtre, en vérité ! Ugo, dis-moi, aurois-tu un rosaire ?

— Non, répliqua Ugo. Je laisse à des poltrons comme toi le soin de porter des rosaires ; moi, je porte une épée.

— Elle te servira bien pour combattre une tempête ! dit Bertrand.

Un autre coup, répercuté dans les immenses cavités des montagnes, les fit taire pour un moment ; le tonnerre rouloit toujours. Ugo proposa d’avancer : Nous perdons notre temps, dit-il ; les sentiers, dans les bois, sont aussi bien garantis par les feuilles, qu’on l’est ici par celles du châtaignier.

Ils firent marcher les mules entre des massifs d’arbres, sur un gazon glissant qui en cachoit les hautes racines. Le vent s’étoit élevé, et disputoit avec la foudre ; il pré-