Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/150

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fois elle regarde Bertrand comme un protecteur. Il la suivoit d’assez près, en s’entretenant avec un homme. Rassurée par cette certitude, elle s’avance derrière un petit promontoire. La musique avoit cessé : bientôt une voix de femme chanta seule. Emilie double le pas, elle tourne le rocher, et voit une baie couronnée de grands arbres. Elle y remarque deux groupes de paysans, l’un assis sous les berceaux, l’autre au bord de la mer, autour d’une jeune fille qui chantoit, et tenoit une guirlande qu’elle sembloit prête à laisser tomber dans la mer. Emilie, surprise, écoute attentivement. Elle entend une jolie invocation adressée, en style poétique, aux nymphes de la mer. Les expressions élégantes de l’idiome toscan, étoient ornées d’un chant gracieux et facile, et quelques instrumens champêtres soutenoient la mélodie.

Les refrains se répétoient en chœur : au dernier, ou jeta dans la mer la guirlande de fleurs. Le chant finit, et peu à peu tout rentra dans le silence.

— Qu’est-ce que cela veut dire, Maddelina ? dit Emilie, que la musique avoit enchantée. — C’est la veille d’une fête, signora, dit Maddelina. Les paysans s’amusent à toutes sortes de jeux.