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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/185

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château ; mais ils pouvoient confirmer son idée, et lui procurer une consolation si nécessaire à son accablement actuel : d’un autre côté, si rien ne troubloit le silence, elle n’osoit pas songer à cette possibilité ; mais elle attendoit l’heure dans une grande impatience.

La nuit étoit fort orageuse ; les bâtimens du château résistoient aux ouragans avec la fermeté d’un roc. De longs gémissemens sembloient traverser les airs ; et c’est ainsi que, dans les tempêtes et au milieu de la désolation de la nature, les cœurs affligés s’abusent. Emilie entendit, comme à l’ordinaire, les sentinelles qui se rendoient à leurs postes ; et regardant de sa fenêtre, elle vit que la garde étoit doublée. Cette précaution lui parut nécessaire, lorsqu’elle eut remarqué le délabrement des murailles. Le bruit qu’elle connoissoit de la marche des soldats, celui de leurs voix éloignées, qui s’approchoit et se perdoit au gré des vents, rappelèrent à sa mémoire les sensations pénibles qu’elle en avoit reçues la première fois. Elle en revint à comparer les deux situations : ce n’étoit pas le moyen de se maintenir dans le repos. Elle arrêta sagement le cours de ses pensées ; et l’heure de la musique n’étant pas encore arrivée, elle refer-