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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/199

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portes de fer, il faudra qu’il soit bien habile. Le chevalier m’a envoyé à vous, signora, pour vous demander de permettre qu’il vous voie cette nuit, ne fût-ce qu’un moment : il ne pourroit plus vivre sous le même toit sans vous voir : quant à l’heure, il ne peut la spécifier ; elle dépend des circonstances (comme vous le disiez, signora). Il vous prie de choisir le lieu, parce que vous devez savoir celui où vous serez le plus en sûreté.

Emilie étoit si agitée par l’espoir si prochain de revoir Valancourt, qu’il se passa du temps avant qu’elle pût répondre ou déterminer un endroit propre au rendez-vous. Enfin elle n’en vit aucun qui lui promît autant de sécurité que son corridor. Elle n’osoit en sortir, dans la crainte de rencontrer Montoni ou quelqu’un de ses hôtes sur la route de leurs chambres. Elle bannit les scrupules de la délicatesse, pour éviter un danger très-réel. Il fut convenu que le chevalier viendroit dans la nuit au corridor, et que Ludovico choisiroit l’heure la plus sûre. Emilie, comme on peut le croire, passa cet intervalle dans un tumulte d’espérance, de joie, d’anxiété et d’impatience. Jamais, depuis son arrivée au château, elle n’avoit observé avec autant de plaisir le so-