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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/35

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Verezzi alors continua, et se livra aux déclamations les plus positives, les plus véhémentes, jusqu’à ce qu’interdit par une objection d’Orsino, il n’eût de ressource que l’invective. Son esprit sauvage et bouillant détestoit la prudente finesse d’Orsino. Il le contre-carroit toujours, et le haïssoit en secret. Montoni voyoit de sang froid leurs différends ; il connoissoit leurs divers talens, et savoit l’art de les tourner à ses desseins. Verezzi, dans l’emportement, accusa Orsino de lâcheté. Orsino ne répliqua pas ; une pâleur livide couvrit ses traits ; et Montoni qui veilloit sur ses mouvemens, lui vit mettre la main dans son sein. Verezzi, dont l’extrême rougeur contrastoit si vivement avec la figure d’Orsino, ne remarqua pas son action ; il continuoit à déclamer hardiment contre les poltrons. Cavigni sourioit de sa véhémence, et de la silencieuse mortification d’Orsino. Ce dernier, reculant un pas, tira tout à coup son stylet pour en frapper au dos son adversaire. Montoni lui retint le bras avec un regard si expressif, qu’il remit le poignard dans son sein. Personne ne remarqua cette scène ; toute la troupe rangée sous une fenêtre, disputoit à la fois sur la situation d’une embuscade.

Quand Verezzi se fut retourné, et que la