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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/41

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Quand elle fit un effort pour ouvrir la porte de la chambre, sa tante s’étoit endormie ; et le silence profond qui régnoit, lui confirma l’idée que sans doute elle n’existoit plus. Cependant, si la terreur ne l’eût pas empêchée de recommencer à l’appeler, elle auroit à la fin éveillé madame Montoni, et se seroit épargné bien des peines. Le spectacle qu’elle avoit vu dans la chambre du portail, et qui avoit achevé de la convaincre, était le corps d’un homme blessé pendant le combat, et le même qu’on avoit posé dans la salle où elle avoit cherché un refuge. Cet homme avoit souffert pendant deux ou trois jours. Après sa mort, ou l’avoit transporté sur le lit même où il avoit expiré, et on devoit l’inhumer dans le caveau sous la chapelle, où Emilie et Bernardin avoient passé.

Emilie, après mille questions à madame Montoni sur elle-même, la laissa seule, et chercha Montoni. L’intérêt si touchant qu’elle sentoit pour sa tante, lui faisoit oublier à quel ressentiment ses remontrances l’exposeraient, et le peu d’apparence qu’elle pût obtenir ce qu’elle alloit lui demander.

Madame Montoni est mourante, monsieur, dit Emilie aussitôt qu’elle le vit ; votre courroux sans doute ne la poursui-