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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/44

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après les secousses et les mouvemens de ce jour ; mais elle ne voulut pas quitter madame Montoni avant l’heure de minuit, époque que les médecins regardent comme critique.

Bientôt après minuit, Emilie ayant bien recommandé à Annette de veiller avec soin et de venir la chercher au moindre symptôme de danger, elle souhaita une bonne nuit à madame Montoni, et la quitta avec tristesse pour regagner sa chambre. Elle se sentoit le cœur déchiré par l’état horrible de sa tante, dont elle n’osoit qu’à peine espérer le rétablissement. Elle ne voyait plus de terme à ses propres malheurs, enfermée ainsi qu’elle l’étoit dans un vieux château isolé, hors de la portée de ses amis, si elle en avoit quelques-uns, hors des secours de la pitié, si des étrangers l’eussent sentie ; mais au pouvoir d’un homme capable de tout ce que son intérêt ou son ambition pourroient lui conseiller.

Occupée de réflexions aussi mélancoliques, anticipant tristement sur l’avenir, Emilie ne se mit pas au lit, et s’appuya, dans sa rêverie, au bord de sa fenêtre ouverte. Les bois et les montagnes, tranquillement éclairés par l’astre des nuits, formoient un contraste pénible avec l’état de son esprit,