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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/54

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atroce, où l’un fit voir une impudente barbarie, et l’autre une opiniâtreté qui survivoit même à ses forces physiques. Emilie déclara mille fois qu’elle aimoit mieux abandonner ses droits, que de voir les derniers momens de sa tante troublés par ce cruel débat. Montoni, néanmoins, ne quitta pas l’appartement, jusqu’à ce que son épouse, épuisée par une contestation fatigante, eut enfin perdu connoissance. Elle fut long-temps tout à fait insensible ; Emilie commençoit à craindre qu’elle ne fût expirée. Elle revint à la fin ; et regardant Emilie, dont les larmes tomboient sur elle, elle fit un effort pour parler : on ne put l’entendre, et Emilie crut encore qu’elle alloit mourir dans ses bras. Elle retrouva pourtant l’usage de la parole ; et remise assez bien par un cordial qu’on lui donna, elle entretint long-temps sa nièce avec précision et clarté sur ses propriétés de France. Elle lui apprit où se trouvoient des papiers importans qu’elle avoit dérobés aux recherches de Montoni, et la chargea expressément de ne jamais s’en dessaisir.

Après cette conversation, madame Montoni s’assoupit et sommeilla jusqu’au soir, elle sembla se trouver mieux qu’elle n’avoit encore fait depuis son départ de la tour.