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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/56

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une lueur morne sur la masse des bois du vallon. Durant ces éclats passagers, Emilie se plaisoit à observer les grands effets du paysage : quelquefois, au-dessus d’une montagne, un nuage ouvroit ses feux ardens ; cette splendeur subite illuminoit jusqu’aux cavités, puis tout étoit replongé dans une obscurité plus profonde. D’autres fois les éclairs dessinoient tout le château, détachoient l’arcade gothique, la tourelle au-dessus, les fortifications au-dessous ; et alors l’édifice entier, ses tours, sa masse, ses étroites fenêtres, brilloient et disparoissoient à l’instant.

Emilie, en regardant le rempart, revit encore la flamme qu’elle avoit remarquée ; cette flamme étoit en mouvement. Bientôt après Emilie entendit marcher ; la lumière se montroit et s’éclipsoit successivement. Elle la vit passer sous sa fenêtre, et à l’instant elle entendit marcher ; mais l’obscurité étoit telle, qu’on ne pouvoit distinguer que la flamme. Tout à coup la lueur d’un éclair fit voir à Emilie quelqu’un sur la terrasse. Toutes les anxiétés de la nuit se renouvelèrent ; la personne avança, et la flamme, qui sembloit se jouer, paroissoit et s’évanouissoit par momens. Emilie désiroit parler pour terminer ses doutes, et