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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/59

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croient d’étranges choses ; on fait aussi de très-étranges histoires au sujet de ce château ; mais ce n’est pas à moi qu’il convient de les répéter. Pour mon compte je n’ai pas à me plaindre, et notre chef en use généreusement.

— Je vous recommande la prudence, dit Emilie. Bonne nuit ! prenez ceci pour m’obliger, ajouta-t-elle en lui jetant une petite pièce de monnoie ; elle referma ensuite sa fenêtre, et mit fin à de plus longs discours.

Dès que le soldat fut parti, elle la rouvrit, et écouta avec une sorte de plaisir le tonnerre qui grondoit au-delà des montagnes : elle observoit les éclairs qui se croisoient au fond de ce tableau. Le tonnerre rouloit d’une manière terrible ; les montagnes se le renvoyoient, et l’on eût cru qu’un autre orage lui répondoit à l’horizon. Les nuages s’augmentant toujours, finirent par dérober la lune, et prirent cette teinte sulfureuse et pourprée qui annonce les violentes tempêtes.

Emilie resta a la fenêtre ; mais la foudre éclatante, qui de moment en moment découvroit l’horizon, la vallée et le paysage, ne permit plus de s’y tenir avec sûreté ; elle se jeta sur son lit. Incapable de dormir, elle écoutoit dans un respectueux silence les