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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/65

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s’anéantit dans une inexprimable émotion de douleur et d’effroi ; elle se tourna pour chercher le bras d’Annette, qui restoit froide et tremblante ainsi qu’elle. Elle s’arrêta si long-temps sur le haut de cet escalier, que la lueur de la torche commençoit à passer sur les piliers de la chapelle, et que les hommes étoient déjà loin d’elle. L’obscurité qui l’enveloppoit ayant réveillé ses autres craintes, et le sentiment de ce qu’elle croyoit son devoir ayant vaincu sa répugnance, elle descendit dans le caveau, guidée par le retentissement des pas et le foible rayon qui perçoit les ténèbres : le bruit d’une pesante grille, qui tourna sur ses gonds, pour laisser passer le corps, donna à Emilie une nouvelle secousse.

Après une pause d’un moment, elle avança et entra sous la voûte ; elle vit, entre les arches, les hommes qui déposoient le corps sur le bord d’une fosse ouverte. Là se trouvoit un autre serviteur de Montoni, et un prêtre qu’elle n’aperçut que lorsqu’il commença le service. À ce moment elle leva les yeux, elle vit la figure vénérable d’un religieux, et l’entendit d’une voix basse, mais solennelle et touchante, commencer l’office pour les morts. À l’instant où le corps fut placé dans la terre, le