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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/68

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pelle étoit un terrain consacré, et l’on ne pouvoit rien objecter à l’inhumation exigée pour l’infortunée signora.

Emilie passa plusieurs jours dans une retraite absolue, dans la terreur pour elle-même, et dans le regret pour sa malheureuse tante. Elle se détermina enfin à tenter un nouvel effort pour obtenir de Montoni qu’il la laissât retourner en France. Elle n’osoit se livrer à aucune conjecture sur les motifs qu’il pouvoit avoir pour la retenir ; elle étoit trop certaine qu’il vouloit la garder, et son premier refus ne lui laissoit guère d’espérance. L’horreur que sa présence lui causoit, lui faisoit différer de jour en jour son audience. Elle fut enfin tirée de cette incertitude par un message de Montoni lui-même, qui désiroit de lui parler à l’heure qu’il indiquoit. Elle commençoit à se flatter que, sa tante n’étant plus, il alloit renoncer à une autorité usurpée ; elle se rappela tout à coup que ces propriétés si long-temps contestées étoient actuellement les siennes ; elle craignit que Montoni ne mît un stratagème en œuvre pour se les faire livrer, et ne la tînt jusque-là prisonnière. Cette pensée, au lieu de l’abattre, ranima les puissances de son âme et remonta tout son courage ; elle auroit tout livré pour assurer le repos de sa tante,