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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/90

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N’avez-vous pas été effrayée de ne me point voir ?

— J’ai été alarmée pour votre compte et pour le mien, répliqua Emilie. Qui donc vous a retenue ?

— Oui, je le disois bien ; je le lui ai dit, mais il n’a pas voulu. Ce n’a pas été ma faute, mademoiselle, je ne pouvois pas sortir ; ce fripon de Ludovico m’avoit encore enfermée.

— Enfermée ! dit Emilie avec déplaisir : pourquoi permettez-vous que Ludovico vous enferme ?

— Grands saints, s’écria Annette, et comment puis-je l’empêcher ? quand il ferme ma porte, et qu’il en emporte la clef, comment puis-je sortir, à moins que ce ne soit par la fenêtre ? Je ne craindrois pas beaucoup cet expédient, si les fenêtres n’étoient pas si hautes ; mais on auroit de la peine à y grimper du dedans, et je suppose qu’on se romproit le cou en tombant par-dehors. Vous savez, je l’imagine, mademoiselle, quel bacchanal on a fait toute la nuit ; vous l’avez sûrement entendu ?

— Se querelloient-ils encore ? dit Emilie.

— Non, mademoiselle, ils ne se battoient pas, mais cela valoit autant. Il n’y avoir pas, je crois, un seul des signors qui ne fût